FGFM - Appel du 18 juin 1940 - Maison de France _ 18 juin 2014 Imprimer
Écrit par Profile Supprimé   
Samedi, 02 Août 2014 13:51



Mesdames, messieurs,

Je remercie M. ...

ainsi que toutes les Personnalités ou leur représentant, des corps constitués, des ambassades et consulats, des maires des communes environnantes, des diverses associations civiles et militaires   et toutes les personnes présentes, pour avoir répondu à l’invitation de Madame la Présidente et des membres du Conseil d’Administration de la Fédération des Groupements Français de Monaco afin de commémorer l’Appel du 18 juin 1940.


Le 18 juin 1940 s’inscrit dans l’histoire comme une date héritière d’un passé obstiné, lequel a forgé la France.


Que l’on songe à cette étonnante figure lorraine qui n’accepte pas, en son temps, de voir démanteler notre Pays au profit de la couronne d’Angleterre dont le roi est un enfant de 6 mois. Et combien de Jeanne d’Arc entreront en résistance au côté de leur frère, père ou mari.


De fait, l’Histoire ne saurait être grande sans la volonté farouche de ne pas céder face à l’ennemi.


Le renoncement à la fatalité vaut autant que l’héroïsme. Ils sont tous les deux les enfants de la fierté nationale, de sa capacité à ne jamais se résoudre à la défaite.


Au départ, il y a l’enracinement des hommes dans des valeurs qui sont lesleurs, où le patriotisme le dispute à l’attachement indiscutable au terroir, ce paysage familier façonné par des générations entières et dont la dicible présence donne du sens au moindre geste, aux actes de la vie quotidienne, aux usages ancestraux.


Le vrai sentiment d’appartenance à un Pays se nourrit tout naturellement de mille choses où va puiser la mémoire collective.


A la mi – mai 1940, les panzers du Marechal Guderian enfoncent les lignes françaises dans les Ardennes, grâce aux blindés dont un officier méconnu, Charles De Gaulle, avait prédit l’importance au combat.


La déroute militaire et l’exode de la population le mettent en rage : «  Si je vis », écrit – il, « je me battrai où il faudra, tant qu’il faudra, jusqu’à ce que l’ennemi soit défait et lavée la tache nationale … ».


En juin 40, le Général de brigade De Gaulle devient sous – secrétaire d’Etat à la défense nationale, dans le Cabinet de Paul Reynaud, tandis que l’avancée allemande se poursuit. Huit millions de civils fuient la ligne de front.


Les choses se précipitent, et le 16 juin, Paul Reynaud, Président du Conseil, démissionne, remplacé par le Maréchal Pétain, partisan de l’armistice.


Le 17 juin, De Gaulle se réfugie à Londres où il avait les jours précédents rencontré Winston Churchill, le Premier Ministre anglais. L’officier français a alors l’intention de lancer un appel, car cet homme là, refuse le déshonneur et entend bien organiser les semailles qui conduiront, à force de ténacité et d’une inébranlable conviction, à d’exaltantes récoltes.


Il s’agit donc de dire au peuple de France, aux Nations libres, que notre Pays n’est pas près de se soumettre, malgré les injonctions des affidés au III ème Reich. Le feu vert britannique projette dès lors le Général De Gaulle sur le devant de la scène. Il entre le jour suivant dans l’Histoire, non pas par une porte dérobée, celle de la honte, mais par une porte grande ouverte sur l’espoir et la détermination à vaincre.


L’appel du 18 juin, au micro de la BBC, sonne le glas du défaitisme et donne un Nom, une stature à la résistance. A 49 ans, Charles De Gaulle installe sa légitimité ; on entend son appel un peu partout en France et en outre – mer.


Son appel est placardé sur les murs, distribué. Des hommes partent pour l’Angleterre. Mille trente huit d’entre eux deviendront les «  compagnons de la Libération ».


Le gouvernement provisoire de la République Française s’installe à Brazzaville où est imprimé le Journal Officiel. Là – bas, en Afrique équatoriale, les autorités se rallient dés l’été 1940 à l’appel du 18 juin. Plusieurs colonies offrent des hommes, leurs ressources naturelles, des assistances techniques. A son tour, le Cameroun, occupé par l’ Allemagne entre 1884 et 1916, rejoint l’Afrique Française Libre. Dix sept mille africains constituent près de la moitié des effectifs militaires qui gagneront la bataille de Koufra, première bataille


authentiquement menée par les forces françaises libres, au sud de la Lybie, en 1941.


En France même, la résistance concernera toutes les régions, la campagne comme les villes, les bureaux, les usines, les cheminots, les enseignants, les militants des partis opposés à Pétain, mais aussi des fonctionnaires discrets de de l’appareil d’Etat. Une résistance qui harcèlera les nazis, renseignera Londres, cachera les pourchassés, préparera sans relâche le renversement de Vichy et de ses soutiens ; une résistance qui aidera les troupes débarquées à progresser au travers du territoire, à libérer les villes.


L’appel prémonitoire du 18 juin 1940 atteindra enfin ses objectifs, rendre à la France, la maîtrise de son destin.


Soyons fiers de ces combats passés contre le nazisme, le fascisme, le totalitarisme, l’antisémitisme, la xénophobie, pour la Démocratie et la Paix soyons dignes de nos aînés, alliés, coloniaux, monégasques, français qui se sont sacrifiés pour que nous soyons libres, libres de penser, d’agir …


Mesdames, messieurs,

La vision de Charles De Gaulle et de ses compagnons de lutte ne s’arrêtera pas aux frontières nationales car avec la dignité retrouvée, il s’agissait de se projeter vers l’avenir, redéfinir les relations en Europe, aux antipodes de la rivalité, de la haine, des convoitises.


Le Général D Gaulle déclare le 18 mars 1944 : « l’Europe existe, consciente de ce qu’elle vaut dans l’ensemble de l’humanité, certaine d’émerger de l’océan de ses douleurs, de reparaître mieux éclairée par ses épreuves et susceptible d’entreprendre pour l’organisation du monde le travail constructif dont elle est éminemment capable …», et il ajoute dans une lettre de 1948 «  nul plus que moi n’est convaincu de la nécessité de construire l’Europe » …


Revenons à Londres, en 1940 ; le Général De Gaulle y envisageait une France retrouvée, mais non pas passéiste, une France qu’il conduisit en quatre ans vers la Liberté et qu’il s’efforcera d’inscrire dans une Europe apaisée, tournée vers un avenir commun…

 


Danielle Merlino

Présidente de la Fédération des Groupements Français de Monaco

Mise à jour le Samedi, 02 Août 2014 13:52